GRAF : Groupe Régional d'Alpinisme Feminin

Test d'effort

Publié initialement dans le bulletin n°267.

Cathy, une des six filles du GRAF (Groupe Régional d'Alpinisme Féminin de Bourgogne Franche-Comté) est venue me rejoindre au centre hospitalier de Dole pour une épreuve d'effort.
Pourquoi faire une épreuve d'effort ? D'abord pour faire le point sur le plan médical avec un bilan médico-sportif et cardio-respiratoire. Ensuite pour évaluer les performances physiques de Cathy et la conseiller pour qu'elle améliore ses points faibles.

Rendez-vous avec le Docteur BELIARD, mon chef en médecine du sport et physiologie de l'effort, et une infirmière du service de cardiologie du centre hospitalier de Dole.

Nous débutons par une brève consultation à la recherche de signes d'alerte de maladie cardio-respiratoire personnelle ou familiale mais aussi pour mieux connaitre ses habitudes sportives. Si besoin nous complétons par une prise de sang et autres examens complémentaires (échographie du cœur etc…).
Ensuite un électrocardiogramme est réalisé pour mesurer l'activité électrique du cœur (elle est branchée à 12 électrodes au total !). Rien à signaler pour Cathy, on constate juste qu'elle a un petit cœur musclé de sportive !

Avant de faire tourner les jambes, nous mesurons ses capacités respiratoires par une spirométrie : concrètement elle souffle le plus longtemps et le plus fort possible dans un tube. Il est recherché des signes de gènes respiratoires possibles à l'effort (obstruction bronchique, asthme…)

Le protocole du test est établi en fonction du niveau estimé du sportif pour atteindre de manière progressive son maximum physiologique : donc pour Cathy un échauffement sur le vélo à 60 Watts puis une augmentation de 20 Watts toutes les minutes !

Et la voilà harnachée avec contrôle permanent pendant et après l'effort de sa pression artérielle, son électrocardiogramme pour le cœur, et un masque pour mesurer les échanges gazeux des poumons (l'oxygène 02 inspiré et le dioxyde de carbone CO2 expiré).

L'effort commence, elle garde un bon rythme et tourne les jambes à 70 tours par minutes. Elle passe le seuil 1 ou « seuil aérobie » à 120 Watts et à une fréquence cardiaque de 130 battements par minutes. Ce seuil correspond au pallier d'adaptation ventilatoire : elle respire un peu plus fort que la normale mais peut tenir une longue conversation. Donc si elle souhaite s'entrainer en « endurance » elle peut s'entrainer au seuil 1 ; attention elle pourra tenir des heures et des heures à ce rythme !

La difficulté augmente, les jambes commencent à chauffer et la respiration s'accélère : Cathy passe le seuil 2 ou « seuil anaérobie » à 180 Watts pour 154 battements par minute. Ce seuil correspond au seuil de désadaptation ventilatoire. Autrement dit l'effort s'intensifie, elle se concentre sur sa respiration et ses jambes car son élimination de lactate devient maximale. En pratique cette intensité correspond à un travail intense de contre la montre à vélo de 30 à 60 minutes, c'est ce qu'on appelle le « travail au seuil ».

Elle ne lâche rien, nous visualisons sur l'ordinateur sa réserve respiratoire qui chute, puis qui est totalement épuisée, sa fréquence cardiaque qui commence à plafonner à son maximum, tous les voyants sont au rouge. Mais au GRAF on ne lâche rien et elle validera encore un gros pallier de 20 Watts pour atteindre une Puissance Maximale Aérobie (PMA) de 240 Watts avec une VO2max de 46ml/min/kg (volume maximal d'oxygène mobilisé par minute par kilogramme). C'est une belle performance pour cette Grafette endurante et teigneuse !

Elle pourrait encore s'améliorer en « retardant son seuil 2 » pour gagner en résistance : donc en faisant du fameux « travail au seuil » sous forme d'exercices dits de « fractionné » ou de « fartleck ». Elle décrit parfois une sensation de souffle court à l'effort qui n'est pas pathologique mais simplement une synchronisation entre son souffle et l'effort qui pourrait être encore optimisé. Elle pourrait progresser grâce à des exercices de respiration, de Yoga…

Bref pour conclure : vous êtes prévenus, Cathy est en forme et fera de beaux sommets cette année avec le GRAF ;-)

S2 : Séjour mixte pour le GRAF

Du 27 au 30 mai 2023

Lancement des festivités pour la saison estivale du GRAF autour de l'Aiguille du midi pour un séjour de mixte. Qui dit 2ème année de formation dit cordées en pleine autonomisation !

Un programme bien chargé pour ces 4 jours :

Après une montée à l'Aiguille du midi, nous commençons notre acclimatation par une jolie balade à la pointe Lachenal. C'est l'occasion pour certaines de rechausser les crampons et se remémorer les manips, pour d'autres une formalité.

Le lendemain nous traversons la Vallée Blanche depuis le refuge des Cosmiques jusqu'au col d'Entrèves, une randonnée glacière à couper le souffle au propre comme au figuré avec une montagne exceptionnellement belle. Direction la Tour Ronde par l'arête SE, que nous parcourons littéralement au-dessus d'une mer de nuages, un véritable petit coin de paradis. C'est l'occasion de faire de belles photos pour graver ce spectacle dans nos mémoires. Malheureusement nous ne progressons pas à la vitesse espérée, avec quelques difficultés face à cette arête gavée de neige : demi-tour et rappel de rééchappe… Mais nous n'avons pas dit notre dernier mot et réalisons ensuite la traversée sur le fil des Aiguilles d'Entrèves ! Et c'est reparti pour une nouvelle randonnée glacière par la Vallée Blanche pour rejoindre le refuge des Cosmiques, le tout sous un soleil de plomb. Une journée bien remplie et encore pleine de bonne humeur pour le GRAF.

Pour finir en beauté ce séjour en altitude, nous décidons de scinder le groupe pour gravir le Mont Blanc du Tacul : par la Contamine Grisolle pour certaines et la voie normale pour d'autres, une journée riche en apprentissages pour chaque cordée.
(Attention la remontée finale à l'Aiguille du midi n'est pas à sous-estimer ^^)

Et ce n'est pas fini !! Mardi, couennes avec les grosses (pour corser la chose), révisions des manips de remontée sur corde en grande voie puis grande voie aux Dalles de Vallorcines.

Encore un séjour qui s'achève pour le GRAF, nous sentons que nous gagnons en autonomie et en assurance. Rendez-vous en Juillet, la fin de notre cursus se profile.

Dernier week-end de formation pour les filles du GRAF 2,

avant le séjour de fin de cursus.

Direction Champex où nous prenons le télésiège pour ensuite se rendre à la cabane de trient.

Le lendemain, nous nous attaquons à l'arête sud de l'Aiguille sans nom, au milieu des Aiguilles dorées. Pas de doute, l'ambiance est au rendez-vous, entre glacier à perte de vue, granite ocre et fissures, de quoi faire rêver bon nombre d'alpiniste! Une course magnifique, avec une difficulté qui n'est pas ressentie de la même manière par toutes! En revanche, nous ressentons toutes la même satisfaction une fois au sommet, non seulement en regardant le chemin parcouru depuis le pied de l'aiguille, mais également et surtout celui parcouru depuis 2 ans!

Apres cette journée relativement intense, nous décidons de partir sur une plus petite course le dimanche, celle de l'arête NE de Tête blanche. Cela nous permet de progresser anneaux à la main, tout en crapahutant sur le rocher, avant d'attaquer la longue descente vers la vallée.

Ce dernier week-end nous permet réellement de nous rendre compte de l'autonomie que nous avons acquis.

Et comme a dit Ben, les graines sont plantées, à nous de les faire pousser! Comprenons par là qu'il faut maintenant pratiquer et brasser de la corde.

Sélection des Grafettes 2023-2025 pour le GRAF 3

par Vanessa Stefani

18 dossiers !!!
Voilà ce que nous avions en tête le matin du 19 novembre en arrivant au parking du site d'escalade de la Brême à Ornans.
Mais la pression tombe vite. Le monde de la montagne en Bourgogne Franche-Comté est petit et l'on retrouve des visages familiers.
Des connaissances de plus ou moins longue date.
Des sourires se dessinent sur les visages et ça se fait des bises de partout. Ça rigole, ça se prends dans les bras, ça se chahute un peu et ça partage un thé chaud pour se mettre en route.
Faut dire qu'il fait moche, gris et froid... la joie de se retrouver et d'être dehors prends le pas.
"On aura au moins pris ça ! Je suis trop contente d'être là !" Me souffle une amie.

Nous lassons nos chaussures, préparons nos sacs et terminons de nous habiller pour la marche qui nous attends lorsque la voix de Ben, notre guide-examinateur (potentiel futur guide-formateur) s'élève au dessus du groupe avec un "Allez les filles, on y va !".
"Les filles..." me dis-je. Je pense à feu mon père et à mes trois soeurs... je suis un peu émue de me trouver là en présence de toutes ces femmes avec lesquelles je vais partager cette journée. Elles sont de potentielles amies, premières ou secondes de cordées, confidentes, muses, soeurs de montagne...

Nous partons.
Il pleut.
Une toutes les deux minutes.
Pas de compet... mais quand même, faut pas traîner.
On se rattrape, on se double, on réalise parfois un bout de chemin ensemble, on s'attends.
Entre glissades dans la boue et vautres dans les feuilles, il y en a pour tous les goûts.
Le chemin nous mène finalement au pied des voies où je retrouve une brochette de sourires.

C'est la deuxième phase de la sélection qui démarre. Ben s'y reprends à plusieurs fois pour capter l'attention du groupe qui cancane et rit aux éclats.
On se croirait au départ d'un parcours d'habileté en VTT !
Le jury s'est fait plais' avec la rubalise : 3 sections de parcours.
Le premier consiste à passer de grosses pierres sur un passage étroit.
Le deuxième, à longer le pied de la falaise mouillée en se longeant sur une main courante  sans glisser.
Le troisième se termine dans un pierrier ou la règle est l'anticipation.
Nous avons deux passages.
Les premières filles ramènent avec elles des conseils et descriptions bien utiles au suivantes. Ce groupe n'est pas avare. Le partage semble naturel. C'est très agréable. Les encouragements fusent.
Nous nous retrouvons toutes au bout du parcours à l'issue du deuxième passage.
Les premières arrivées ont froid.
Il est temps de partir. C'est l'heure du casse croute.

Arrivées au gymnase d'Ornans, tout se fait très naturellement. Des tables et des bancs sont dépliés, des boîtes et des plats à partager étalés sur la table.
Le pique nique prends des allures de festin et nous commençons à douter de nos capacités en grimpe post-prandiale.
Là non plus, pas question de péter des records : "Nous ne recrutons pas un groupe d'élite " nous répète Flo.
"Montrez nous ce que vous savez faire" nous explique Ben.
Et alors que nous installons les tapis au pied du mur du gymnase, le jury fait son conciliabule.

Nous allons être reçues tour à tour en entretien.

Carole se désigne pour nous proposer un echauffement collectif. Des binômes se forment, les niveaux sont très variés mais là encore, le partage et le soutien mutuel, les encouragements, sont la règle tacite.
On a l'impression d'une session grimpe entre copines, un jour de mauvais temps.
Au bout de deux heures, la lassitude s'installe.
Certaines s'étirent en discutant. D'autres ressortent les boissons chaudes.
Ça se relai à la grimpe.

Et surtout le temps commence à sembler long.

Les premières candidates auditées reviennent. Ça discute et ça échange.
J'ai le sentiment que plusieurs d'entre nous ont envie que cette journée ait une suite.
Isaline prends les devants et récolte minutieusement les coordonnées de chacune d'entre nous.
Les entretiens arrivent à leur fin. Tout le monde est fatigué mais heureux de cette journée.
Les résultats de la sélection seront donnés en début de semaine prochaine....
Il faut patienter.

Nous nous quittons avec cette envie qui transpire dans nos échanges, de nous retrouver....
Le Graf 3 aura bientôt ses 8 grafettes.
En attendant, Isaline lance un espace d'échanges nommé "Les Martines en montagne".

La suite au prochain épisode...

WE GRAF - Vallée d'Aoste / Massif du mont Rose

Du 29 mai au 01 juin

Cette fois-ci les filles ont commandé des courses d'ampleur dans un massif d'altitude.
Les voilà parties pour 4 jours dans le massif du Monterosa.

J1 : Nous faisons déjà une première étape à Machaby pour nous mettre en jambe dans une grande voie du secteur nommée "diretta al banano". Il fait chaud, très chaud mais nous parvenons au sommet des 9 longueurs avec joie, pieds nus pour certaines et les doigts dans le nez pour d'autres.
Descente par le charmant hameau de Machaby, botanique et visite du patrimoine local ponctueront cette journée.
Après une pizza débrief et une bonne nuit nous prenons la route Staffal.

J2 : Lestées de 20 kg sur le dos, nous commençons la montée jusqu'au refuge de Quintino Sella. 600 mètres plus haut, nous retrouvons enfin la neige, chaussons les skis et allégeons nos sacs. Les bouquetins sont là pour nous accompagner et nous reprenons l'ascension. Il fait chaud, la neige est lourde, il commence à se faire tard. Sur le dernier versant avant l'arrête qui mène au refuge nous déclenchons de petites coulées. Après la mise en sécurité de l'itinéraire, nous voilà sur l'arête, équipée de mains courantes, pour profiter du soleil couchant.
Nous arrivons au refuge d'hiver non gardé à 21h. L'équipement du refuge étant sommaire nous mangeons tous dans la même gamelle, ce qui confère à notre soirée un aspect très convivial.

J3 : C'est avec une mauvaise nuit dans les pattes que nous partîmes aux aurores, de bon matin, vers 9h pour un programme dense : Castor, Pollux, Naso de Liskamm, pour finir au refuge de Montova.
L'horaire avançant, nous décidâmes finalement de renoncer à Castor et Pollux et de partir directement au Naso de Liskamm.
L'itinéraire nous mène sur l'arête ouest en mixte qui débouche sur la pente de neige sommitale. Au sommet, nous entamons la descente dans une neige très lourde avec une pente à 45° et atteignons le glacier au pied du Lyskamm.
Quelques larmes et hurlements de douleur plus tard,  nous rejoignons le refuge de Montova aux alentours de 17h.
Le refuge est bondé, la bière est fraîche, les pâtes al dente et le couchage moelleux. Les hommes y circulent nus pour le plus grand plaisir des filles du GRAF.

J4 : Dès potron minet, nous voici à l'attaque de la Pyramide Vincent au milieu de nombreux autres montagnards.
Nous rejoignons le sommet et nous profitons de sa vue incroyable sur le Grand Combin, la Barre des Ecrins, le Mont Blanc, le Bishorn, le Weisshorn et toute la brochette des 4000 alpins.
Nous rejoignons le refuge en prenant plaisir à la descente dans une neige encore dure et agréable à skier.
Arrivées au refuge, cappuccino pour les unes et vomito pour les autres.
Nous filons enfin à la cabine qui nous redescendra à Staffal.
Arrivée de bonne heure au parking.
Ce sera finalement un très long retour sur la route jusqu'en bourgogne - Franche-Comté : petite visite à Montreux et quelques 8h de route plus tard nous regagnons nos maisons respectives. Au cours de ce long voyage de retour nous mettons à profit ce temps pas tout à fait perdu pour rédiger le compte-rendu de ce magnifique weekend prolongé.

Bilan : un magnifique week-end qui aura vu de nouveaux progrès pour chacune de nous. La prise de lead devient systématique pour toutes, de nouveaux horizons s'offrent à nous.
Monterosa, tu ne paies rien pour attendre. Nous reviendrons !!!

Un Grand MERCI à Florence Tonon et à Benjamin Soufflot pour l'organisation et l'encadrement de ces quatre jours.
Merci au caf de Châlon pour le prêt du minibus.
Un clin d'œil au CROS pour le bon d'achat qui nous a permis de financer nos belles vestes !

Vivement le prochain weekend ensemble